samedi 17 mai 2014

BRUNO, homosexuel : « Pour vivre heureux, il faut vivre caché »

Bruno a plus de 50 ans. Aujourd’hui, il ne souffre plus des réflexions homophobes mais sait que pour vivre bien, il doit cacher sa sexualité. Pour la journée contre l’homophobie, il aimerait aider les plus fragiles.


couple homosexuels noirs




Bruno se souvient avoir porté plainte, il y a plus de vingt ans, pour propos discriminatoires. À l’époque, il était dans un groupe de carnaval. Un espace où, en général, on peut exprimer sa différence. Pourtant, Bruno a eu à subir un harcèlement homophobe. « Les hommes avaient peur de moi. Quand ils étaient réunis ensemble, ils me faisaient comprendre que je n’avais rien à y faire. Ou pa adan! Les femmes me toisaient, jalousaient mes costumes trop bien faits! Gay makomè-la! » Bruno ne savait jamais d’où l’attaque allait venir. « Un jour, un membre qui ne supportait pas mes questions sur l’association, m’a menacé. I di mwen an ké féw maché kon rat si fil! Combien de fois j’ai entendu an ké briléw makomè kiw yé » . Il tient le coup. Il arrive à se rendre indispensable en apportant sa touche, son don de créativité. Et en mettant ses compétences au service de l’association.

DES MAINS EN OR

Dans l’imaginaire antillais, l’homosexuel a des mains en or, ses mains peuvent accomplir le bien comme le mal. Il a le sens du détail, perçoit le monde autrement. Bruno est de ceux-là. Il a su développer des dons artistiques et mystiques « C’est peut-être la raison pour laquelle nous sommes vite repérés! » . Très élégant, Bruno présente bien. Un beau corps, une allure distinguée, un franc parler tout en restant respectueux, il a trouvé comment vivre en paix. « Les quolibets, les propos homophobes ont construit l’homme que je suis et forgé mon mental. » Quelques années plus tard, ceux-là mêmes qui le raillaient, se sont excusés de l’avoir mis à l’écart, au ban des « cérémonies masculines » du groupe, etc. Pour Bruno, les lois ne font pas tout (mariage pour tous ou contre l’homophobie). Les différences commencent à s’exprimer mais il reste persuadé que pour vivre heureux, il faut vivre caché. « On avance à petits pas. On se crée des moments entre nous pour être tranquilles. »



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